Trois rampes rugueuses en enrochement à 4% de pente, entrecoupées par 2 bassins de repos, ont remplacé le seuil implanté de longue date dans le lit de l’Azergues en aval immédiat des jeux de boules de Lamure-sur-Azergues.
Cette opération, conduite durant l’automne 2022 sous maîtrise d’ouvrage du Syndicat Mixte du Bassin Versant de l’Azergues (SMBVA), en partenariat avec la Communauté d’agglomération de l’Ouest Rhodanien (COR), avait pour objectif conjugué de protéger une canalisation d’assainissement desservant le village et de rétablir la continuité écologique bloquée par cet imposant ouvrage de 2,2 m de hauteur faisant obstacle à la circulation du poisson dans la rivière.
La canalisation collectant les eaux usées de la partie rive droite du village traverse en effet l’Azergues sous ce seuil pour rejoindre le collecteur de rive gauche qui achemine les effluents vers la station d’épuration implantée en aval de la commune. Or, l’état de délabrement avancé de l’ouvrage menaçait, en cas de ruine, cette importante infrastructure qui risquait en cas d’endommagement d’engendrer une pollution accidentelle de la rivière.
Ce seuil n’ayant plus d’usage et étant source de nombreux impacts (réhausse de la ligne d’eau en crue favorisant les inondations, réchauffement excessif des eaux en été, obstacle à la circulation piscicole…) n’avait pas vocation à être conservé. L’idéal aurait été de le supprimer mais cela n’était pas possible du fait de la présence de la canalisation traversante. La solution technique retenue a donc été d’enfouir un peu plus profondément la canalisation (20 cm), ce qui a permis d’abaisser la cote de la crête du seuil d’environ 90 cm et de rattraper la hauteur de chute résiduelle par l’aménagement en aval d’une succession de rampes inclinées. Le cours d’eau a ainsi retrouvé une pente plus naturelle, avec suppression de l’effet retenue d’eau et augmentation des faciès d’eau vive, action limitant le réchauffement des eaux en été. L’ensemble des 8 espèces piscicoles vivant dans l’Azergues à ce niveau peut désormais librement se déplacer dans la rivière et remonter sur les 3,8 km de cours d’eau rendus accessibles en amont.
Le montant de cette opération s’élève à 305 000 €TTC, financé à 50% par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. Le coût résiduel est pris en charge à 90% par la COR, les 10% restants étant financés solidairement par l’ensemble des collectivités membres du syndicat de rivière.
Maître d'ouvrage : Syndicat Mixte du Bassin Versant de l'Azergues
Maître d'oeuvre : SINBIO SCOP
Entreprises de travaux : PERRIER TP (terrassement et réalisation de la rampe) - Arbre Haie Forêt (génie végétal)
L’Azergues dans la traversée de Lamure, une rivière sous influence
Six anciens seuils de prise d’eau s’égrènent sur le cours de l’Azergues dans la traversée de Lamure, modelant un profil en long en « marches » d’escalier. Cette importante densité d’ouvrages (1 tous les 850 m) impacte fortement la rivière dont un tiers du linéaire est sous influence (effet de ralentissement des eaux en amont et dérivation d’une fraction du débit dans les biefs encore en eau en aval de ces ouvrages hydrauliques). Le cloisonnement de la rivière par ces ouvrages qui sont autant d’obstacles infranchissables est par ailleurs fortement dommageable pour les populations piscicoles, en particulier pour la truite qui nécessite de pouvoir se déplacer au sein du réseau hydrographique pour accomplir l’ensemble des différentes phases de son cycle vital, en particulier sa reproduction qui s’accomplit en tête de bassin ou dans les ruisseaux affluents.
L’Agence de l’eau est un établissement public de l’Etat qui œuvre pour la protection de l’eau et des milieux. Elle perçoit des taxes sur l’eau payées par tous les usagers et les réinvestit auprès des maîtres d’ouvrages (collectivités, industriels, agriculteurs et associations) selon les priorités inscrites dans son programme « Sauvons l’eau 2019-2024 ». L’Agence de l’eau s’engage pour la reconquête de la biodiversité en soutenant la restauration du bon fonctionnement des écosystèmes. 22% des poissons d’eau douce sont menacés en France ! Redonner un fonctionnement naturel aux cours d’eau, décloisonner les seuils en rivière et rétablir les corridors écologiques, c’est permettre aux espèces animales et végétales de se développer et favoriser leur capacité de résilience.
Mise en ligne le 11/01/2023
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